J’ai testé une séance d’EMDR

Publié le par Sophie

Imaginez une thérapie facile et rapide qui permettrait d’estomper les chocs émotionnels par de simples mouvements d’yeux. Une méthode si efficace qu’une seule séance suffirait pour diminuer la plupart des angoisses et peurs qui pourrissent la vie. Ça serait chouette, n’est-ce pas ? Et bien, cette thérapie existe, et depuis des années maintenant ! Il s’agit de l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) reconnu par la Haute Autorité de Santé depuis 2007 et par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis 2013.

En fin d’année dernière, j’ai vécu une expérience douloureuse et traumatisante. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais à ce moment-là, j’ai reçu beaucoup de soutien de mes proches, ce qui m’a aidé à ne pas me laisser tomber. J’ai eu énormément de chagrin. Au bout d’une semaine, les gens voulaient déjà que j’aille mieux. Ça m’a choqué. Qu’on ne me laisse pas le temps. De digérer. Tu as le droit d’être triste, mais ni trop longtemps, ni trop fort. Ça, c’est dur ! Moi je savais que j’irai mieux, il me fallait juste du temps.

Et puis le chagrin s’est fait moins prégnant, mes larmes ont séché. Bien sûr il suffisait d’un rien pour me remettre à pleurer, mais j’allais mieux. Sauf une image en tête, un moment précis, une annonce cruelle, laquelle je n’oublierais jamais. Alors, je ne veux pas oublier ce qui m’est arrivé, car ce sont aussi ces expériences difficiles qui nous rendent plus riches et plus humains, je veux juste que le souvenir soit moins douloureux.

J’avais entendu parler de l’EMDR en lisant les bouquins de David Servan-Schreiber (Anticancer, Guérir) achetés lors d'une foire aux livres. Cette méthode « magique » m’intriguait, tout en me faisant un peu peur. Et si on me bousillait le cerveau ? Je voulais absolument trouver un praticien EMDR diplômé, certifié par l’EMDR France et qui me soit recommandé par un proche ou le corps médical. Gilbert Guillemot, thérapeute EMDR à Landerneau, m’a été recommandé par l’un ET par l’autre, en la personne de Nelly ( ! ) qui côtoie régulièrement Monsieur Guillemot à l’occasion de la Fête des Voisins, et un docteur de l’Hôpital Morvan.

J’ai donc décroché mon téléphone pour prendre rendez-vous. En arrivant au cabinet, je savais déjà à quoi m’attendre. J’avais en effet épluché toutes les revues scientifiques traitant de l’EMDR. Ne stimule pas mon mécanisme neuropsychologique qui veut ! Après un bref résumé de ma vie, mon œuvre, mes joies et drames personnels, Monsieur Guillemot m’a expliqué ce qu’était l’EMDR et le protocole qu’il allait suivre. Il s’est ensuite assis en face de moi, en position de confident et m’a demandé de fermer les yeux et de repenser à la scène traumatique : l’image, le son, les odeurs. Je sentais les larmes perlées sur mes joues : le chagrin était toujours aussi vif. J’ai rouvert les yeux à sa demande et porté mon regard sur son majeur et index balançant de droite à gauche. Pendant une minute peut-être…  « Pensez bien à votre image. »

A la fin, j’ai bien senti que je n’arrivais plus à m’accrocher à cette image, à y associer du désarroi. Je suivais toujours du regard ses doigts bouger tel un métronome devant mon visage, mais je ne pleurais plus. A la question « Comment vous sentez-vous ? », je n’osais pas lui (me) dire que je me sentais déjà apaisée, consolée. Si vite ! Comme si l’immense gouffre de tristesse dans lequel j’avais été plongée finalement n’avait été qu’un petit nid-de-poule sur la route de ma vie. J’essayais de retenir le chagrin éprouvé, mais c’était peine perdue. Le remue-ménage dans mon cerveau était en cours, et l’association entre le souvenir et l’émotion douloureuse n’existait déjà plus ! J’avais été « débloquée ». 

La thérapie par l’EMDR a ses « limites » dans le sens où ma tristesse ou mes sentiments d’impuissance et d’injustice ne se sont pas envolés, simplement l’image bouleversante qui me hantait et me faisait pleurer de chagrin, de colère et de culpabilité a été mise à distance.

Ces « limites » sont rassurantes : l’EMDR n’est pas un lavage de cerveau. Cette technique est un outil (puissant) parmi d’autres techniques ou écoles de pensée proposées par les psychothérapeutes. Gilbert Guillemot m’a suggéré quelques pistes de réflexion (hypersensibilité) et des exercices de tapping (EFT), et m’a également donné la brochure de l’association landernéenne Le Souffle et le geste dans laquelle il est l’un des instructeurs en sophrologie, qi gong et méditation. A tester !

Une séance d’EMDR dure entre 60 et 90 minutes et est assez onéreuse (~ 100 euros). Personnellement, je l’ai considérée comme un très beau cadeau que je me faisais à moi-même, pour ma santé mentale. Renseignez-vous auprès de vos mutuelles, car certaines remboursent l’EMDR. Je crois également que les séances sont prises en charge à 100% en cas de trouble de stress post-traumatique (TSPT), suite à un attentat par exemple, ce qu’on ne souhaite à personne.

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